Signe femme, poème de Carlos Alvarado-Larroucau

Signe femme

Le cygne blanc au cou de jais
Glisse le gris d’un cri dans le flot

Signe noir d’un coup de dés
Noms poussés dans l’abreuvoir.

Les noms s'attroupent
Comme alouettes aux miroirs
Demoiselles heurtées
En fine bouillie de sang
Estampillées sur une vitre sans vie.

Maux de mots
Exsangues d’interférence
Trahison inique
Des noms non proférés.

Une affaire de femmes
La lutte de tous
Belles Amazones des mots
Les mots d’elles comme lame
Mots pointus pour démasquer
Mots nattés en fouet pour battre
Mots baptisés dans un flot
Mots pour éventer les mouches noires
De l’envers d’une main femelle
Paume, creux, pour boire l’eau mère
Syllabes sibyllines pour additionner
Encre d’effluve delphique
Pour m’écrire de main
D’un doigt au mot ô-raclé

Léda aux mots berçants
Ses blancs bras gantés en cou de jais
Entrelacent le signe femelle
D’embrasures de murmures…
Pour qu’une d’entre elles signe :

Femme.
***
Carlos Alvarado-Larroucau, "Signe femme", Je suis aussi..., Paris, L'Harmattan, coll. Poètes des cinq continents, 2009.

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