Soir au Lac Léman
Le lac par ce soir de juillet mélancolique
Est un calme plateau de cristal de Lalique,
Sous le ciel rose et bleu qui pâlit par moments ;
Et le silence rêve entre deux firmaments,
Là-bas, au lointain les lumières de Lausanne
Scintillent, - astres d’or en longues caravanes -
Pendant que dans la nuit s’élèvent des chansons,
Les montagnes s’effacent au lointain horizon.
Combien d’inquiets bonheurs, des rêves sans limite
Font tressaillir mon cœur, ce soir qui passe vite !
Combiens d’inexprimables et d’aveux mystérieux
Dans ce lac endormi, dans ce calme des cieux.
Sublime rêverie sous tes pins de Savoie !
Tes roses sont douceur et promesses de joie,
Un idéal d’amour s’élève de tes eaux
Comme au temps de Byron, de Jean-Jacques Rousseau.
Ah ! Vivre l’heure ainsi, dans une longue extase,
Dans l’azur ébloui de ton rêve turquoise,
Y retenir le temps contre son cœur pressé,
Ne sentir plus l’instant pour toujours nous laisser !
Pas une onde ne ride ta transparente soie,
Tu vis sans demander : est-ce douleur ? Est-ce Joie ?
En rêvant tu regardes les astres, le soir,
Ils traînent leur clarté sur ton calme miroir.
O lac ! Que ta beauté m’est douce et me pénètre,
Je sens par toi frémir l’inconnu dans mon être ?
La nuit peut donc tomber, éteindre tes lueurs :
Mais je tiens ta clarté à jamais dans mon cœur.
Le temps peut nous donner d’autres soirs chimériques
Faits de rose, d’argent, d’or et de bleu mystique,
Les mêmes clochettes tinteront leurs clairs sons,
Et l’air de la forêt sera frais, sera bon,
Mais la vie qui meurtrit, mais la vie qui délivre
M’entraînera vers l’inconnu, car l’inconnu c’est vivre,
Et je ne serai plus la même de ce soir !
Quel seront mes désirs, ô lac ! quel seront mes espoirs ?
***
Noche en el Lago Lemán
El lago, en una noche de julio melancólico
Es una calma fuente de cristal de Lalique,
Bajo el cielo rosa y azul que languidece de a ratos;
el silencio sueña entre dos firmamentos,
Allá, a lo lejos, las luces de Lausana
Titilan, - astros de oro en largas caravanas -
Mientras que por las noches se elevan canciones
Las montañas se diluyen en lejano horizonte...
¡Cuantas inquietas alegrías, y sueños sin límites
Hacen sobresaltar mi pecho, esta noche, que se va pronto!
Cuantas indecibles confesiones misteriosas
En este lago dormido, en esta calma de cielos.
¡Sublime ensoñación bajo tus pinos de Savoya!
Tus rosas son suavidad y promesas joviales,
Un ideal de amor se eleva de tus aguas
Como en los tiempos de Bayron y de Jean-Jacques Rousseau.
¡Ah¡ Vivir la hora así en un largo extásis,
en el azul obnubilado de tu sueño turquesa
y retener el tiempo en el pecho apurado,
¡No sentir ya más el instante, para siempre dejarnos de lado!
Ni una mínima onda arruga tu seda transparente
Vives sin preguntar, ¿es dolor?, ¿Es alegría?
Soñando miras los astros, la noche,
Arrastran su claridad sobre tu espejo calmo.
¡Oh¡ Lago, que tu belleza me es suave y me penetra
¿Por tí siento vibrar lo ignoto en todo mi ser?
Puede entonces la noche caer, apagar tus luces:
Pero retendré para siempre tu resplandor en mi.
El tiempo puede darnos otras noches de quimeras
Hechas de rosa, de plata, de oro, de azul místico,
Las mismas campanillas tintinearan sus claros sones,
Y el aire del bosque sera fresco, sera bueno,
Pero la vida que magulla, pero la vida que libera
Me arrastrará hasta lo incierto, pues lo ignoto es vivir,
¡Y no seré ya más la misma de esta noche!
¿Cuáles serán mis deseos? ¡oh lago! ¿Cuáles serán mi esperanzas?
***
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