En cœur et encor
Sous le Pont-Neuf
Le coin le plus vert et aqueux de Paris
une île peinte à tempera
parcourue de mille pas placides
Il brûle sous mes yeux
Chutes d’étincelles de vermeil !
métal liquide
soufre flamboyant
langues de verre fondu
forge vulcanienne
éclats de courroux
ce feu est toujours là
décroché de tes tempes
ton cœur apyre résiste
ton corps igné se tord
l’eau réfractaire est chauffée à blanc
Par quelle télesthésie ma chair calcine ?
Autodafé, mon livre incompris
Quand ils te brûlent, ils me brûlent, moi aussi
Moi et non pas Baphomet
Fournaise, Incandescence, Honte
ta vie sur le bûcher
ta bouche de brasero
crépite Malédiction
Jacques de Molay
Jacques le Templier
je vois ton temple vert et aqueux
Le cadran de ton temps
ta vie
un temple des vies
La rapacité attisée
par tes biens temporels
rien ne consent, et pourtant
ils l’osent et ils le font
Toi téméraire
toi chevalier preux
toi cœur de torche
toi tu résistes…
D’un seul pas de géant
je veux traverser ces méridiens
pour te joindre et te sauver
parce qu’ils me font honte
en cœur et encor
Puisque
Quand ils te brûlent…
ils me brûlent, moi aussi
Carlos Alvarado-Larroucau, Des Cours d'eau, L'Harmattan, coll. Poètes des cinq continents, 2013, p.61-62.
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