Poemas Bilingües de Carlos Alvarado-Larroucau

Oloron-Ste-Marie


La belle Anna d'Oloron, dame transocéanique


En mémoire d’Anna Larroucau, ma trisaïeule (Oloron, 1864 – Mendoza, 1956),
15 ans, immigrante solitaire, soeur aînée de 15 frères,
Pasionaria courageuse, hirondelle voyageuse

Ton regard de ciel épars, ligne infinie de l’éternité
augure d'un futur inquiétant,
 une mer houleuse te confronte
Le vent frappe les voiles
et te dépeint les idées

Elles t’inondent les questions, 
la réponse est Sècheresse
le signe ne précède pas tes enigmes
Et encore moins les renferme... 
tes questions ne terminent jamais
elles sont le fruit de l’Adieu
elles s'étalent tout au long de l’Atlantique
Et s’exilent dans un lointain éloigné

 Dans tes malles il n’y a pas de réponses
Il n’y qu’une vieille poupée
dame « comme il faut »…
Ton reliquaire: l’âme d’Aquitaine
Terre de Somport
Fleurs d’Orthez
Une boucle de ton père
Un cil de ta mère
Ton nez et ton goût se suspendent dans la mémoire
Pour ne pas oublier, 
dans ta tête, tu fais et refais
des vieilles recettes
Tes yeux de cieux se chargent de lourds orages
Et du courant impétueux des gaves

Dans ta poche le portrait de Mémé
Et sans cesse tu répètes
 pour exorciser l'oubli:
Anne Loustalet, fille de Jeanne et de Joseph…

En vain, tu cherches dans les malles, les sacs et les colis
Là-dedans tu ne retrouves pas
le trop que tu as déjà perdu
fors, cette petite poupée, dame « comme il faut »
Jalousement tu serres contre ton sein
un vieux dictionnaire…
ouvert à la lettre « A » : Atlantique, Argentine et Amour…
Tout prolonge
l’âpre goût de l’Adieu...

Carlos Alvarado-Larroucau, Des Cours d'eau, Paris, L'Harmattan, 2013.

Dama Anna

Tu mirada de cielo disperso, 
línea infinita de la eternidad
Augura un futuro inquietante, 
un mar embravecido te hace frente
el viento golpea la velas
 y te despeina las ideas

te inundan las preguntas, 
la respuesta es Sequía
el signo no precede tus enigmas
ni mucho menos los encierra...
tus preguntas no terminan nunca
son el fruto del Adiós,
surco de mil manzanas rojas flotando en el océano
se extienden a lo largo del Atlántico...
y se exilian en una alejada lejanía...

En tu maleta no hay respuestas
sólo una vieja muñeca
dama, “comme il faut”...
Tu relicario: el alma de Aquitania:
Tierra de Somport,
Flores de Orthez
Un rizo de tu padre
Una pestaña de tu madre
Tu nariz y tu gusto se suspenden en la memoria
para no olvidar, en tu cabeza haces, deshaces y rehaces
viejas recetas.
Tus ojos de cielo se cargan con grandes tormentas,
y con la corriente impetuosa de los Gaves.

En tu bolsillo el retrato de Memé...
y sin cesar te repites
para exorcisar el olvido:
Anne Loustalet, fille de Jeanne et de Joseph...

En vano buscas en arcones, bolsos y maletas,
 allí no encuentras
lo mucho que ya has perdido,
sólo aquella muñequita, dama “comme il faut”,
celosamente aprietas contra el pecho un viejo diccionario...

Abierto en la “A”:
 Atlantique, Argentine et Amour...
 todo prolonga
el salobre gusto del Adios...
...

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